lundi 8 septembre 2008

// voyage immobile

pull noir, jeans, t-shirt blanc. se la jouer profil bas. s'effacer au maximum derrière la fonction. pour la première fois peut-être, je me sens prof. de ceux qui s'exportent.
autres tronches en face, autre salle des profs, autres graffitis sur les bancs, autre lumière et autre teintement du gong de fin. maintenant où que j'aille, je suis prof. et ça marche. plus personne pour le remettre en cause.
même si je parle trop vite, même si ma nuque est moite, même si je tremble, ils ne le remarquent pas. l'ont-ils remarqué? j'ai tremblé. ils l'ont remarqué... ils remarquent tout.
de vrais ados. peut-on décemment dire cela?
de ceux qui parlent du 3ième reich un pied sur la chaise. des un peu gros à la voix claire et posée qui lisent sans détour. des maigrichonnes qui font la moue pour ne pas trop vous aimer bien. des qui disent contondant vient de contusion. des qui disent "madame, la direction a mal orthographié votre nom" et qui pensent "il est déjà assez bizarre comme ça, mieux vaut lui éviter l'affront". des qui murmurent "mille dollars pour être ailleurs". d'autres, "mille dollars pour rester ici". des qui disent "ne me payez même pas, dans ma tête je suis déjà parti". parfois aussi, "faites entrer la vie, je veux tout savoir". des qui pensent "ta gueule!", puis se rendorment.

étendue silencieuse de corps engourdis: des ados qui ressemblent à celle que j'ai été. voilà peut-être la seule vraie raison pour laquelle on devient prof.

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